Il y a des enfances qui passent inaperçues. Il y en a d’autres qu’on fait semblant de ne pas voir. La sienne commence quand il a douze ans, un soir de novembre. La lumière du couloir découpe dans l’encadrement de la porte la silhouette d’une policière qui vient le chercher.
– C’est toi, Joseph ?
– Oui.
– Tu sais pourquoi nous sommes là ?
– Oui.
– Il faudrait que tu prépares quelques affaires. Des vêtements, un pyjama. Tu vas partir avec nous, d’accord ?
– Oui.

Extrait, de Nos Rêvoltes – Simon Grangeat.

Nos Rêvoltes se déroule au croisement des mondes imaginaires et de la brutalité du réel, quand la violence s’est abattue sur des enfants. Elle met en jeu les failles, les manquements d’un système, les humanités des travailleurs qui se débattent pour tenter d’aider les victimes. La pièce a été écrite en résidence en Maison d’Enfants à Caractère Social, comme une adresse aux vingt pour cent d’enfants suivis par l’aide sociale à l’enfance et qui ne sont que trop rarement représentés comme les acteurs de leur vie. 

Nos Rêvoltes constitue pour moi, depuis le départ, une traversée mouvementée, pleine de cahots, au pays de l’enfance, pour ce spectacle que nous destinons au jeune public, dès le collège. Ici, il n’est pas question d’âge tendre, mais d’enfants blessés. 

Ce spectacle a pris naissance dans des foyers, lors d’un projet d’EAC mené par la Compagnie Les Petites Gens, l’auteur, Simon Grangeat, et leurs partenaires, les ADDAS de la Région Occitanie. 

Cette immersion a permis une écriture taillée dans le réel : nos deux personnages ont été fabriqués à partir de ces rencontres avec les enfants et le personnel encadrant : psycholo- gues, éducateurs.trices, assistant.es sociales. 

Nous y abordons la douloureuse et taboue question de l’inceste maternel, avec tact. Les indices sont là, bien présents, mais permettent le questionnement et la double lecture enfants / adultes. 

Je souhaite que Nos Rêvoltes vibre de pleurs, de cris, de portes qui claquent, de rires. Des rires comme des éclairs qui viennent faire trembler la certitude de la fatalité. 

Les nuits irréelles sont peuplées d’ombres, d’animaux sauvages, inquiétants – mais il y a aussi quelque part dans la nuit, un abri. Appelez-le : amitié, amour, lien. 

Quelque chose qui répare ces enfants liés par une communauté de destins.
Quelque chose qu’il nous faudra raconter. 

Avec délicatesse.

Saison 20-21 : 7 semaines de résidences en MECS (Maison d’enfant à caractère social)

Saison 21-22 : 2 semaines de résidences en MECS et collège

Saison 23-24 : – 30/10 au 03/11/23 – Espace culturel Jean Ferrat – Cabestany (66)

 – du 6 au 12/11/23 – Espace culturel La Buire – L’Horme (42)

– du 20 au 24/11/23 – Espace culturel des Corbières – Lézignan Corbières (11)

– du 17 au 26/02/24 – Théâtre des Possibles – Perpignan (66)